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Tout va bien dans les chaumières
14 novembre 2013

Chômeuse exaspérée

Si elle dévoile ainsi les coulisses du Forem, ce n’est pas par esprit de vengeance. "Je ne suis plus en colère depuis longtemps." Mais pour révéler une facette méconnue de la réalité du chômage en Belgique.

 

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Dans les bureaux du Forem, une culture d'entreprise pas comme les autres (1)

Evoquer la problématique du chômage, en Belgique, se résume bien souvent à recréer la dialectique du combat entre les institutions et les demandeurs d’emploi. Oubliés ceux qui, sur le terrain, jouent chaque jour le rôle d’intermédiaire entre ces deux pôles. Apache.be a décidé de s'arrêter sur eux, les employés du Forem. Premier volet de ce dossier: le témoignage d’une ancienne conseillère Forem en recrutement.

Le logo du Forem (Photo: Logo du service public de l'emploi et formation en Wallonie)

Le logo du Forem (Photo: Logo du service public de l'emploi et formation en Wallonie)

"Objection de croissance, objection de conscience". À 6h58, le matin du 13 novembre 2012, Alphonsine Chasteboeuf (nom d'emprunt) publie sur Facebook son témoignage. La jeune femme de 40 ans, redevenue chômeuse, y raconte son expérience en tant que conseillère en recrutement au Forem, de 2005 à 2010.

Elle y décrit sa lente descente aux enfers, jusqu’au burn out. La cause? "J'étais en train de faire aux gens ce que je n'aurais pas voulu qu'on me fasse. Et j'étais payée pour ça. Je voyais sur l'écran la valse des sanctions."

Contactée par nos soins, Alphonsine confie qu’elle n’a pas supporté la collaboration croissante existant entre le Forem et l’Onem, avec les conséquences que cela peut avoir sur les demandeurs d’emploi.

Les questions qui fâchent

Au lieu d'améliorer mes entretiens, j’y ai surtout appris les fameuses sept valeurs du Forem

Pourtant, à son entrée en service, Alphonsine avait dû signer le règlement interne:

"Celui-ci stipulait en toutes lettres qu'en tant qu'agent Forem, il nous était interdit de mener des tâches allant à l’encontre de l’intérêt des demandeurs d’emploi.  Mais chaque jour j'envoyais quantité de courriers avec talons-réponses, dont le résultat était envoyé à l'Onem.

Beaucoup de demandeurs d'emploi ont été sanctionnés suite à ces courriers."

Alphonsine met rapidement le doigt sur ce genre de paradoxes. Mais elle fait face à un mur, tant vis-à-vis de sa hiérarchie qu’avec ses collègues. "Ici, on ne crache pas dans la soupe", "Le Forem, c’est ton gagne-pain!", "Tu es payée pour appliquer les procédures, pas pour les critiquer": voilà ce qu’on lui répond quand elle pose des questions qui fâchent. "Votre 'collègue coach' est là pour vous remettre dans le droit chemin…", analyse-t-elle.

Ce zèle des employés, Alphonsine l’explique par une "culture d’entreprise" très forte, présente partout, tout le temps:

"Dans les formations internes, sur l'Intranet, dans les discussions entre collègues, dans ce qui est transmis par la hiérarchie. Les messages doivent coller à l’image que le Forem veut donner de lui à l’extérieur.

J’ai été particulièrement marquée par une formation que les nouveaux agents étaient invités à suivre; elle s’intitulait 'le métier de conseiller'. Je pensais y apprendre de nouvelles techniques pour améliorer mes entretiens, j’y ai surtout appris les fameuses sept valeurs du Forem."

Le Forem, une grande famille

Et une bonne culture d’entreprise passe par la création du sentiment d’appartenance à la boîte. "Le jour où vous arrivez, on vous dit 'Le Forem, c’est une grande famille' et vous entendez ce message rabâché par vos collègues vingt fois par jour. Le Forem organise aussi, une fois par an, une journée de convivialité pour les agents."

L’esprit d’unicité bien ancré, de nombreux employés s’approprient et relaient ensuite le message qui les a soudés sans se faire prier:

"On vous répète sans cesse que ce que vous faites est utile pour la société, que c’est grâce au plan d’accompagnement qu’on pourra endiguer les fraudes et maintenir une sécurité sociale de qualité. L’idée qui régnait dans mon équipe, à l’époque, était qu’une bonne partie des demandeurs d’emploi profitent du système.

Vous êtes plongés dans cette vision du monde huit heures par jour. Psychologiquement, vous avez besoin d’y adhérer, sinon vous ne pouvez plus envoyer tous ces courriers, poursuivre ces démarches."

Selon elle, certains agents du Forem feignent ainsi d’ignorer la réalité du marché de l’emploi; le fait qu’il n’y aurait pas assez d’emploi pour tout le monde. Mais aussi le problème crucial de l’illettrisme,particulièrement élevé dans la région où Alphonsine a exercé sa fonction.

Une succession de différents chiffres (Photo: Duca di Spinaci/ Septembre 2012/ Flickr-CC)

Une succession de différents chiffres (Photo: Duca di Spinaci/ Septembre 2012/ Flickr-CC)

"Les conseillers doivent rendre des comptes"

Les conseillers référents ont un 'portefeuille de demandeurs d’emploi à gérer' et on attend d'eux de la rentabilité

Parmi les tâches d’Alphonsine figurait la rédaction d’offres d’emploi. Celle-ci s’accompagnait d’un mailing ciblé, sous la forme de courriers avec talons-réponses:

"Peu à peu, on nous a demandé d’atteindre des objectifs en termes de chiffres, par équipe. Le travail était donc collectif, mais on recevait un tableau détaillé des résultats par personne, noms masqués.

Cela nous permettait de nous situer dans le tableau, mais ce système nous rendait aussi enclins à spéculer sur le premier et le dernier de la liste"

Jérôme (prénom d'emprunt), un autre collaborateur du Forem, s’estime à ce titre heureux d’occuper un poste de conseiller au service mobilité internationale:

"Pour ma part, je n’ai aucun contact avec l’Onem, car les demandeurs d’emploi qui développent un projet à l’étranger s’inscrivent dans une démarche volontaire. Il n’y a donc aucun risque de sanction et, par conséquent, pas de pression sur moi en termes de chiffres.

Les conseillers référents ont, eux, un 'portefeuille de demandeurs d’emploi à gérer', c’est-à-dire qu’ils gèrent un certain nombre de dossiers, et on attend d’eux de la rentabilité. Ils doivent rendre des comptes."

Ecartée

Est arrivée la rupture:

"Plus je prenais conscience que ce qu'on me demandait ne me convenait pas, plus je m’écartais de l’idéologie véhiculée, plus je m’éloignais de mes collègues, puisqu’elles y adhéraient. Finalement, nous n’étions plus du tout sur la même longueur d’ondes. Elles me disaient agressive, me reprochaient de ne pas me conformer au groupe.

Elles ont fini par ne plus m’adresser la parole. Bref, l’ambiance a pourri jour après jour jusqu’à ce que je me retrouve isolée dans cette équipe soudée."

Alphonsine a bénéficié d’un congé maladie. À son retour, après seulement quelques jours, elle a reçu un blâme. Pas pour des raisons professionnelles, pour des raisons qui la touchaient, elle, personnellement. "Trop exubérante, agressive envers ses collègues." Malade à nouveau, en dépression, Alphonsine a alors été écartée définitivement.

Elle l’assure, si elle dévoile ainsi les coulisses du Forem, ce n’est pas par esprit de vengeance. "Je ne suis plus en colère depuis longtemps." Mais pour révéler une facette méconnue de la réalité du chômage en Belgique.

Marie-Kristine Vanbockestal, administratrice générale du Forem, ne semble pas ignorer les difficultés auxquelles les 4.400 collaborateurs qu’elle subordonne font face. Découvrez ce mercredi 8 mai 2013  sur Apache.be les résultats de son enquête sur le bien-être au travail et les mesures qu’elle envisage afin de contribuer à l’épanouissement de ses agents.

12 COMMENTAIRESRSS
  1. Autant il y a certainement des choses interpellantes (illetrisme surtout), autant le fait de transmettre à l'Onem les gens qui ne répondent pas aux offres d'emploi me parait tout à fait normal, dans le principe au moins. Pour toucher du chômage, il faut être disponible et pouvoir accepter tout emploi convenable, cela ne me parait pas une condition trop rude !

    Le fait que beaucoup de demandeurs d'emploi aient arrêté de chercher, découragés, je peux le comprendre mais le fait que certains n'acceptent pas des emplois (parfois parce que déjà travail au noir), cela ne peut pas aller dés le moment ou l'emploi répond au critère de l'emploi convenable.

    En plus, la sanction de l'Onem n'est pas automatique. La personne est reçue, explique ses arguments et puis, enfin, le contrôleur prend sa décision. Il peut être assisté de son syndicat.

    Il faut savoir que le Forem a toujours eu pour mission de le faire (la transmission des infos) mais qu'avant le plan d'accompagnement des chômeurs, rien n'était transmis. Idem à l'Orbem (ajd Actiris). Dans le même temps, le VDAB (flamands) faisait son boulot correctement. Et c'est ce genre de choses qui créent de la tension entre FR et NL, tensions qu'on aurait pu très largement éviter.

    Après, les domiciliations fictives (très nombreuses) et l'illetrisme font que beaucoup de demandeurs d'emploi ne répondent pas au courriers ou ne se rendent pas au RDV. Ils ne sont pas nécessairement de mauvaise volonté mais sont classés comme tel. Depuis la fin du pointage, c'est également le cas des personnes qui vont en prison, elles ne se font plus enregistrer comme tel et continuent à percevoir les allocations mais ne lisent pas leur courrier ou sont dans l'impossibilité de se rendre aux RDV.

    La solution est simple: combattre réellement les domiciliations fictives et faire un bilan avec chaque demandeur d'emploi pour voir s'il est vraiment en l'état de chercher de l'emploi (illetrisme, méconnaissance du français , alcoolisme, drogue, maladies mentales, méconnaissance des règles de vie en société) et leur permettre de dépasser ces handicaps tout en les mettant à l'abri de l'Onem durant le temps des formations nécessaires.

    • "Pour toucher du chômage, il faut être disponible et pouvoir accepter tout emploi convenable, cela ne me parait pas une condition trop rude !"

      Assez d'accord sur le principe mais le problème se pose sur la question de la définition "d'emploi convenable". À l'heure actuelle, un emploi dit "convenable" est tout emploi vaguement dans ta branche, à temps plein, situé dans un rayon de 60 kilomètres de ton domicile.

      C'est ce dernier critère qui pose problème. Je prends mon propre exemple : je suis demandeur d'emploi et je ne dispose ni du permis de conduire ni d'un véhicule personnel. On peut m'imposer d'aller travailler dans des lieux situés à plus de 2h30 de transports en commun de chez moi (soit 5h aller-retour, en gros départ de chez moi à 5h du matin, retour à 20h minimum, au revoir vie de famille et ça me laisse le droit de voir grandir mon fils les week-end si j'ai du bol), voire carrément inaccessibles. Et si je dis non, sanction, CPAS pour moi et ma famille, probablement éjection de ma maison et retour dans un 30m² à trois.

      Quant à la liberté de sanctionner ou pas des "facilitateurs" de l'ONEm, je pouffe. Certains ont beau être plus humains que d'autres, ils sont quand même tenus à des scénarios très rigides et si toutes les cases ne sont pas cochées, c'est dehors à coups de pied au cul.

      • Attention à ne pas confondre. Quand tu ne réponds pas à une offre d'emploi, ce n'est pas un facilitateur mais un contrôleur qui te convoque (la procédure est d'ailleurs différente).

        Quand j'étais facilitateur, je vais te le dire "cash", la seule pression qu'on avait c'était le nombre d'entretiens par jour et la diminution du stock (le nombre de personnes qui sont censé être vus à un temps "t" et qui n'ont pas encore été vus).
        Ils essayaient bien de standardiser mais, en réalité, ils avait tellement besoin de nous et il y avait un tel turn over qu'ils savaient très bien qu'ils n'avaient pas intérêt à exiger trop de nous sinon leurs objectifs en termes de rendement (seuls le nombre d'entretiens par jours est calculé dans les tableaux de bord) n'étaient pas respectés et ils se faisaient taper sur les doigts. Surtout, le recrutement était tellement laborieux qu'ils n'avaient pas intérêt à nous donner l'envie de partir de manière trop précipitée (je ne sais pas si ça a changé).

        J'ajoute que, malheureusement, et je l'ai découvert en travaillant, nul besoin de quota. Les chômeurs en face de nous sont tellement déphasés que même des actions très basiques et limitées, ils ne les réalisaient parfois pas (et je peux te dire que beaucoup de facilitateurs insistent très lourdement sur ce qui doit être fait et les conséquences et le syndicat fait pareil avant et après).
        Même après trois mesures d'infos (actiris, syndicat, lettres au domicile), ils arrivaient encore surpris à l'entretien. Je peux te dire que beaucoup de facilitateurs (à mon époque en tout cas) sauvaient plus les meubles qu'autre chose. Nul besoin, malheureusement, de chercher la petite bête pour exclure.
        Il y a des gens qui réalisent seulement qu'ils peuvent perdre le droit aux allocations quand ils ont été coupés (et pourtant ça a été dit, redit, reredit).

        Pour ce qui est de ton emploi convenable, je suis assez d'accord avec toi. Je ne les connaissais plus bien et je viens d'aller voir sur internet. En dessous de 60 km, on est apparemment tenu d'accepter tout job quelque soit la durée de déplacement. Je trouve ça débile. Je pense qu'il faut se battre pour que seuls restent les critères des 4 heures de déplacement ou des 12H d'absence de la maison consécutifs.

        Cela dit, le fait même que les critères de l'emploi convenable ne sont pas connus est déjà très problématique. Je ne sais pas si c'est indiqué sur les feuilles du Forem ou Actiris mais ça devrait très clairement l'être.

  2. Monsieur Pédibus est relativement bien informé mais il ment aussi, relativement ...

    D'abord, qu'est-ce qui dit que ne pas se présenter à une convocation ou un rendez-vous ou répondre à une offre d'empoi "contrainte" est un signe qu'on ne cherche pas par ailleurs ?

    C'est juste le signe qu'on ne suit pas à la lettre ce qu'ont élaboré des technocrates dans des administrations ou le bureaucratiquement correct sert d'alibi à beaucoup de gens, d'abord à des focntionnaires qui n'ont visiblement pas grandes compétences puisqu'ils passent leur temps à traquer les fautes bureaucratiques des chômeurs (plus ils les sanctionnent en même temps, plus ils scient la branche sur laquelle ils sont assis ;-)

    Ensuite ceux parmi les chômeurs qui ont eux les capacités intellectuelles de s'en sortir et de comprendre dans quel jeu de dupes on les met, et savent comment "faire le beau" au forem/actiris ou à l'ONEM.

    Etre droit et avoir de la probité ou une éthique ne mène nulle part dans une société verrolée par la corruption et le népotisme d'une part, l'appât du gain et la triche de l'autre.

    Oui, je n'ai pas grand respect pour mes congénères, je trouve que la démocratie a produit la médiocratie ...

    Mais revenons à nos moutons (sic).

    En droit de la sécurité sociale, le chômeur (ou le malade, etc.) est coupable par défaut et doit s'ingénier à démontrer son innocence, et seulement s'il se conforme aux injonctions, souvent paradoxales, des fonctionnaires chargés de faire du contrôle social et d'induire un comportement de respect et soumission à des législations très souvent absurdes mais surtout en violation flagrante des droits de l'Homme: le droit de choisir librement son travail et de négocier son salaire pour le chômeur par exemple.

    On entend beaucoup parler de la liberté d'entreprendre, mais qui a donné le droit aux pouvoirs publics de confisquer au travailleur privé d'emploi le droit de mener sa vie comme il l'entend et de continuer à chercher un emploi pour lequel il est compétent, formé et expérimenté.

    Parce qu'il ne faut jamais oublier que l'illetrisme n'a jamais empêcher de travailler, on le voit quand des travailleurs de plus 40 ans se font lourdés des entreprises industrielles et qu'ils n'ont pas de CV et sont incapables d'écrire parce qu'ils ont été sur des chaînes et que jamais personne ne leur a dit qu'il fallait pour trouver un emploi connaître la suite MS Office et écrire sans faute, pour eux, il faut se présenter au contremaître ou au patron, c'est tout ...

    Mon père électricien, prépensionné de Cockerill, m'a raconté comment lui a eu son boulot, il a dû payer 5000 francs au contremaître, dans les années 60, soit un mois de salaire, pour avoir ce boulot où généralement on entrait par contact familial ... Ce qui prouve le déterminisme social étudié en sociologie selon lequel la classe ouvrière est celle qui s'auto-reproduit le plus, tant qu'il y avait des usines, sans doute ...

    Le fait de définir des critères absurdes comme une lettre restée sans réponse, pour déterminer la motivation à chercher un emploi chez des gens qu'on avait par ailleurs laissé sur le carreau sans sourciller, et sans s'inquiéter de leur isolement, démotivation, recours au système D et à l'économie souterraine, pendant des années lumières est tout simplement inhumain et tout à fait inique.

    Puis tout à coup décider qu'un bon coup de pied au cul des chômeurs et une politique de triple bastonnade permanente, allait créer par miracle, vous l'avez vu je ne doute pas, en rêve en tout cas, la myriade d'emplois maquant est parfaitement stupide et défie l'entendement. En fait l'intention méchante du gouvernement est immanquable. Il y a là d'autres desseins, plus sournois et plus viles avec à la clé, les gains susceptibles d'être réalisés pour les déjà plus, voire immensément, riches à transformer le monde selon leur coeur ... Dans leur projet, il faut tout bonnement renvoyer les pauvres aux Eglises, l'Etat n'a pas à s'occuper de ces gueux (source ERT, 1992). le modèle idéal, le modèle américain, l'Union européenne étudie d'ailleurs l'option de créer des sécu privées comme aux USA où si on a le bon employeur, on obtient en sus une couverture sociale étendue faite d'assurances privées (of course) et sinon, rien ...

    En sécu on exclut d'abord, et on cause (parfois) après ...

    On vit un monde merveilleux, quand on devient chômeur, tout bascule, on devient un coupable par défaut. En sécurité sociale, on sanctionne d'abord puis on voit qui a le courage ou les moyens de faire un recours.

    Oui les sanctions automatiques qui radient grâce à la dénonciation du Forem/Actiris, ou la suspension de paiement d'allocation en attendant audition dans les bureaux de l'ONEM, c'est monnaie courante, donc sur simple soupçon, on coupe les vivres, avec les conséquences qui peuvent s'avérer fatales à une personne déjà dans les ennuis par ailleurs (un malheur n'arrive jamais seul vous savez bien que les pauvres sont criblés de problèmes sociaux ) de lui faire perdre définitivement pied et on sait bien qu'une fois devenu sdf, il y a peu de chance de retrouver ses droits à la sécu ! Tout ça pour quoi ?

    Pour que les pauvres soient de bons pauvres, plus catholiques que les multinationales du bel20 ?

    Pour la ministre de Coninck, affamer les chômeurs va leur faire trouver un emploi, alors que la création d'emploi est au point mort, je dirais même plus, le 1er mai cette année était clairement un requiem à l'emploi certainement pas la fête du travail, avec quelques 35000 emploi détruits (et ce n'est pas fini) et pour l'ONEM et le forem/actiris/adg c'est la fête des travailleurs sans emploi tous les jours car si ces services publics peuplés de personnes avec une mentalités de collabos ou autoritaires qui abusent de leur pouvoir (un mapping du profil psychologique du conseiller emploi serait intéressant aussi) et pensent que la contrainte est le meilleur moyen de remettre une personne à l'emploi, même si l'emploi manque (sic !).

    Comment en sommes-nous arrivé à manquer à ce point de bon sens et de simple humanité ?

    Le corolaire de la chasse aux chômeurs est le harcèlement bureaucratique des patrons qui sont noyés de CV alors qu'ils n'engagent pas. Au point même que le SNI a proposé d'ouvrir une ligne téléphonique anonyme pour y dénoncer les chômeurs "récalcitrant" car encore une fois, si on est chômeur, on doit se soumettre. Ce que veut le patron est parole d'évangile. Quand ils recrutent, les patrons, ils trouvent inadmissibles qu'un chômeur négocie son salaire ou ne se montre pas intéressé par une "offre" qu'il peut trouver indécente ou totalement inappropriée à son profil ou son expérience professionnelle ou dont les conditions paraissent franchement douteuses du point de vue des conditions de travail et du respect de ses droits sociaux. Il faudrait un jour faire le mapping des patrons verreux chez qui forem/actiris envoie des sans emploi qui n'auront jamais ni salaires, ni documents sociaux en règle ou qui se font virer parce qu'ils réclament le paiement intégral de leurs heures prestées (après le scandale des faux documents sociaux vendus par des escrocs à des "faux chômeurs) ...

    Il ne faut pas beaucoup de bon sens pour savoir qu'un emploi n'est pas créé si le chômeur le cherche activement ! Pourquoi ne pas forcer les chômeurs à prier Saint Antoine tant qu'on y est !

    Bref, envoyer des courriers qui restent lettre morte à des chômeurs démotivés ou qui même travaillent en noir, ça ne créera pas un seul emploi "en clair", les exclure et les appauvrir non plus.

    Il faudra un moment donné retrouver toute sa tête et regarder les choses en face : si les emplois sont détruits à tour de bras, est-ce que l'austérité est la solution?

    Et sinon, pouvons réfléchir et mettre en place un projet inclusif ou on ne martyrise personne ou ne sacrifie plus l'humain pour les profits (parce que le malheur de la majorité fait le bonheur de quelques-uns).

    Casser la valeur "cupidité" pour la remplacer par la valeur "solidarité"...

    Et le chômage, sert uniquement à faire baisser les salaires, si le chômage disparaît, les salaires descendront irrémédiablement, et le tiers monde se sera installé en Europe aussi. World Company aura des esclaves à travers le monde et plus aucune entraves ...

    En dénigrant leur maigre allocation au travailleur sur le carreau, c'est à une toute autre entreprise qu'on participe: au saccage d'une des plus grandes conquêtes de l'après-guerre, quand l'horreur nazie avait fait prendre conscience qu'il fallait sortir les travailleurs de la misère qui régnait auparavant. Créer des droits de l'Homme, et vivre dans un monde où on ne reproduira plus jamais ça! Grâce à la sécu, le travail a commencé à payer et on a pu en vivre au lieux d'en mourir!

    Peut-être que si on l'enseignait dans les écoles, on aurait moins de cons incultes qui hurlent que la cotisation sociale est une charge quand elle est partie du salaire et du bien-être du travailleur dans des périodes ou ils ne travaillent pas et où néanmoins, il a toujours le droit de vivre.

    A la dégressivité personnellement je préfère une mort digne, plutôt que cette lente asphyxie privée de moyens financiers qui finira par me conduire à la rue, au premier accident provoqué par toutes ces administrations bien pensantes qui me veulent du bien (j'en ai froid dans le dos).

    Dénoncer le fonctionnement du Forem/Actiris, n'est que le "tip of the iceberg" il faut aller au bout de la logique, voir qui gagne le plus de cette mise à mort sur l'autel de la prétendue compétitivité perdue ... Car nous, simples citoyens, nous ne gagnons rien, il n'y a pas un copec de l'argent de l'allocation de chômage qui revient dans vos poches à vous travailleurs, le gouvernement diminue le chômage mais vous cotisez toujours au même niveau sur votre fiche de paie alors qu'en bout de course vous aurez moins, alors qui puise dans la caisse de la "sécu" ?

    Bah enfin, la réponse est simple: les réductions d'ONSS ou de cotisations patronales à la sécu sont nos deniers de protection sociales ristournés au patronat en remerciement d'un taux de chômage structurellement élevé. CQFD. Le crime paie toujours!

    S'il faut vraiment faire la chasse aux profiteurs, va falloir chercher ailleurs que dans les poches percées des sans emploi !

    Corine Barella
    Chômeuse exaspérée
    Ex-journaliste, je publie désormais sur un nouveau blog à l'attention des chômeurs qui ne veulent pas mourir idiots ! (c'est déjà ça :-)

http://www.apache.be/fr/2013/05/07/dans-les-bureaux-du-forem-une-culture-dentreprise-pas-comme-les-autres-1/

 

 

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