Demandeurs d'emploi de + de 45 ans

Le plan pour l’emploi obligatoire relatif aux travailleurs âgés

Origine

La CCT n° 104 conclue au sein du Conseil National du Travail oblige les entreprises du secteur privé à rédiger, chaque année à partir de 2013, un plan pour l’emploi concernant l’occupation de leurs travailleurs âgés de 45 ans et plus. Dans ce plan, elles sont tenues de proposer des mesures et d’établir un plan d’action pour maintenir ou augmenter le nombre de travailleurs âgés de 45 ans ou plus dans l’entreprise.

Statistique

Seule une entreprise sur trois investit dans la formation des plus de 45 ans

par Arnaud Lefebvre

28 mai 2013

Le Centre pour l’égalité des chances a présenté son Rapport annuel Discrimination/Diversité 2012.

En Belgique, la loi punit la discrimination sur la base de 19 critères, explique le Centre. L’un d’entre eux est très spécifique et extrêmement complexe: l’âge. Car une discrimination en fonction de l’âge est souvent jugée légitime, non seulement par les citoyens mais aussi par les partenaires sociaux et les pouvoirs publics. « Les lois seules ne suffisent pas. Il est plus que temps d’ouvrir le débat sur la discrimination liée à l’âge », affirme Edouard Delruelle, directeur-adjoint du Centre pour l'égalité des chances et la lutte contre le racisme, qui soulève cette question dans son nouveau « Rapport annuel Discrimination/Diversité ».

2012 fut l’Année européenne du vieillissement actif et de la solidarité entre les générations, un thème auquel le Centre a accordé une attention particulière. Dans son « Baromètre de la diversité Emploi », le Centre a mis en lumière la discrimination marquante à l’encontre des plus de 45 ans sur le marché de l’emploi.

« Près de la moitié des responsables RH interrogés disent que l’âge d’un candidat exerce une influence sur la sélection finale. Seule une entreprise sur trois investit dans la formation des plus de 45 ans. Et un Belge sur trois estime qu’une entreprise qui occupe surtout des travailleurs « âgés » est moins performante », résume Edouard Delruelle.

Ces données corroborent les résultats de « Trop jeune? Trop vieux? », une enquête d’opinion sur les stéréotypes liés à l’âge dans le milieu professionnel paru en novembre 2012. Là aussi, une personne interrogée sur trois trouvait que la discrimination basée sur l’âge était justifiée. Edouard Delruelle : « Les travailleurs eux-mêmes adhèrent à ces stéréotypes et au comportement discriminatoire des employeurs. Il n’est pas étonnant que le taux d’emploi des 15 à 24 ans et des plus de 55 ans en Belgique soit nettement inférieur à la moyenne européenne ».

Edouard Delruelle avance trois raisons au sujet de la discrimination en fonction de l’âge: « D’abord parce qu’il peut aussi être un facteur de protection: nombre de droits ou de mesures sont accordés à certaines catégories d’âge en vue de les protéger – le droit des enfants repose tout entier sur cette idée. Mais cette protection peut aussi soulever des questions. Ainsi, le Centre a été consulté par une personne dont la candidature à un emploi avait été écartée parce que, en raison de son âge, elle aurait dû bénéficier d’un système de réduction de la durée du travail, en vertu de la CCT en vigueur dans l’organisation socioculturelle en question. Autrement dit, les régimes d’aménagement de fin de carrière destinés à favoriser le maintien au travail des travailleurs âgés peuvent se retourner contre les demandeurs d’emploi de plus de 45 ans. Enfin, l’âge est à la fois une caractéristique individuelle et un marqueur générationnel sur lequel repose l’organisation de notre société depuis des siècles. C’est pourquoi il n’est pas rare que le droit individuel se heurte à l’intérêt collectif ».

En 2012, il y en a eu 93 discriminations liées à l'âge, dont une large majorité (62%) touchait aux relations de travail et un quart concernait l’accès à des biens, des services et des activités. « On a souvent l’impression que l’âge est un critère objectif puisque nous passons tous par tous les âges de la vie », poursuit Edouard Delruelle. ‘Les jeunes n’ont qu’à attendre un petit peu et les vieux ne doivent pas se plaindre du fait que leur temps est révolu, se dit-on. De ce point de vue, des barèmes fondés sur l’âge sont tout à fait défendables. Mais sont-ils pour autant pertinents? Une distinction en fonction de l’âge est trop souvent une solution de facilité, une manière de ne pas devoir mesurer ce qui est vraiment en jeu. Pourquoi quelqu’un serait-il encore en état de travailler jusqu’à la veille de son 65e anniversaire et plus le lendemain?'

Aujourd’hui, nous sommes surpris de constater à quel point la discrimination entre hommes et femmes semblait aller de soi jusqu’à la moitié du siècle dernier. Dans le « Rapport annuel Discrimination/Diversité », l’avocat Christian Bayart déclare: « Je n’exclus pas que nos enfants, dans le futur, observeront avec un même étonnement notre usage actuel de la discrimination en fonction de l’âge ».’